Vous connaissez sans doute ce mot « plagiat ». Il s’agit d’une pratique consistant à s’approprier sans autorisation les créations d’autrui. Bien au-delà de la question de reprendre, voire de copier des idées, des contenus, le procédé est illégal.
Un malaise secoue la société française depuis quelques années : le plagiat s’immisce, se répand dans différent secteurs comme l'art, la littérature, le journalisme, la politique, Internet ou chez
les étudiants, les lycéens. Nous nous intéresserons ici à l'écrit. À l’approche des dates d’examens, les chiffres 2014 de l’Éducation Nationale sur la fraude ont été publiés en mai par Le
Parisien : les tentatives de triche au baccalauréat ont augmenté de 9,8%. Près d'un étudiant sur deux avoue avoir copié sur un livre ou un document web. C’est une tendance récurrente qui
inquiète les académies. Les étudiants sont loin d'être les seuls à s'adonner au plagiat. Cette pratique est présente dans la plupart des milieux intellectuels . C'est une
faute morale qui peut coûter cher au portefeuille et à la crédibilité.
Pourquoi un cadre légal ?
Il existe un ensemble de lois sur la propriété intellectuelle et les droits d’auteur. Ce dispositif a été conçu pour protéger un environnement favorable
à la créativité artistique, scientifique, littéraire, entrepreneuriale ou industrielle, par le biais de dépôts de brevets, copyrights et enregistrements de marques. Le Code de la
propriété intellectuelle encadre sévèrement cette créativité par les articles
L335-2 à L335-9, mais en droit la notion de plagiat n’existe pas : dans un contexte de moralité, de patrimoine, on parle de contrefaçon. Il s'agit d'un acte
délictueux puni pénalement. C’est en cette différence que réside la licéité d’emprunt de contenus. Les plagiaires risquent 300.000 euros d’amende et six mois à deux ans de prison si le délit est
avéré. Dans ce cas, l’exécution judiciaire est rapide. Encore faut-il arriver à ce stade.
Pour les étudiants : gagner avec les systèmes antisèches n'arrive que dans les Sous-doués. La vie n'étant pas du cinéma, vous risquez jusqu'à cinq ans d'interdiction de passer les
examens. Vous n'êtes pas sous-doués.
Entre impuissance et parano
Les plaintes pour plagiat se multiplient. De nombreuses affaires sont classées faute de preuves suffisantes. C'est le cas, entre autre, pour des pages web de types « Conditions Générales de Vente
», règlements internes, FAQ ou même des articles de blog. La raison invoquée est le manque de créativité intellectuelle.
On se sent démuni et révolté lorsqu'on est victime de plagiat. Il est néanmoins inutile d'ameuter tout le monde lorsque l'on retrouve sur un autre site web quelques mots ou expressions écrits par ses soins. Se réfugier dans le sophisme ne fait que favoriser un sentiment paranoïaque. Il n'y a pas de raison à supposer d’emblée la culpabilité du rédacteur indélicat. Celui-ci est peut-être de bonne foi. Il est certes tentant de gagner du temps en revisitant un texte déjà écrit sans être fainéant pour autant. En revanche, lorsque un site est globalement copié, c'est de l'escroquerie !
Que faire en cas de litige ?
Vous constatez sur un autre site des écrits similaires ou identiques aux vôtres. Il faut commencer par contacter directement la personne à l'origine du différend pour obtenir, si nécessaire, le
retrait ces textes fâcheux. 85% des litiges se règlent à l'amiable. Cependant, certains ajoutent le mensonge au méfait et quelquefois à la malfaçon : des textes plagiés sont mal reproduits. Dans
ces cas extrêmes, la case justice devient incontournable.
Ne déposez plainte que dans les situations suivantes :
- Vous avez déposé un copyright
- Vous vous êtes enregistré auprès d'une société d'auteurs qui gère vos textes
- Vous avez déposé votre marque/logo/slogan/nom de domaine auprès de l'INPI
- Vous avez effectué un dépôt devant un huissier de justice ou un notaire
- Après avoir identifié le plagiaire, vous avez fait des screens (captures d'écran) des textes litigieux
- Important - Vous êtes certain que vos écrits portent une date antérieure à ceux du plagiaire
Idée et mise en forme
La frontière entre inspiration et plagiat est très mince. Avoir une idée est tout en votre honneur. Nonobstant votre sens créatif, il est recommandé de vérifier si votre intention n'est pas déjà rédigée. Si le talent se reconnaît dans la composition de contenus uniques, il faut néanmoins comprendre que plus un domaine est exploité, plus la nouveauté est limitée. La mise en forme est donc essentielle à tout travail de réflexion. Lorsque l’imagination vient à manquer, il convient d'indiquer les sources des données empruntées.
Tout travail d'écriture exige une forte concentration doublée d'une grande aisance avec les mots. Un plagiaire chronique n'aura pas nécessairement ces qualités. En
revanche, rien ni personne ne remet en cause ses facultés conceptuelles... sauf si sa mauvaise habitude venait à perdurer. Plus il copiera sans trop remanier les textes, plus
sont esprit créatif s'amenuisera. Sa santé intellectuelle se fragilisera. Rassurez-vous : un copieur occasionnel ou involontaire ne risque rien, si ce n'est d'avoir
éventuellement quelques soucis judiciaires.
Pour conclure, l’inspiration est le propre de l’être humain. Elle peut être personnelle ou/et se baser sur le travail de quelqu’un d’autre : Denis Diderot [1713-1784] s’est
inspiré du fameux « Don Quichotte » de Cervantès pour alimenter son roman « Jacques le fataliste et son maître » ; Philippe Diaz, alias Pierre Ménard, bibliothécaire et écrivain contemporain
polémique à réécrit intégralement le texte de ce même « Don Quichotte ». La différence entre ces deux auteurs est sans équivoque ! Nous nous inspirons tous de l’ouvrage d’un tiers, et c’est
tout à fait normal. Seule la méthode peut être condamnable. En Europe, le plagiat « moderne » date du XVIIe siècle, mais le mot aurait été prononcé pour la première fois au Moyen Âge. De nos
jours, Internet contribue à l’amplification du phénomène. L’accès aux informations est grandement facilité. Tous types de contenus, et donc de sources, peuvent être utilisés à tort ou à
raison.
Avec l'aimable autorisation du site Croquefeuille.fr, voici les témoignages de secrétaires indépendantes plagiées. Propos recueillis par Céline Lieffroy :
http://www.croquefeuille.fr/?Elles-ont-ete-victimes-de-plagiat
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